György Ligeti
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1992, György Ligeti observe le paysage qui défile sous ses yeux depuis un train.
Peut être le compositeur se remémore t-il le cheminement d’une vie marquée par des blessures qui l’ont conduit à l’exode ? Comme beaucoup de hongrois, György Ligeti naît en Transylvanie, berceau historique magyar, attribué à la Roumanie à la fin du premier conflit mondial. Il y subit l’humiliation des lois ségrégationnistes à l’encontre de la communauté juive. Installé à Budapest après la Seconde Guerre Mondiale, il connaît la brutalité du régime stalinien de Ràkosi. La répression soviétique au soulèvement de 1956, l’amène à fuir en Occident, en Autriche puis en Allemagne.
Ce polyglotte éclectique a ancré sa musique dans la tradition musicale hongroise, des mélodies populaires à l’héritage de Bartok, mais il s’est aussi confronté aux recherches de l’avant garde musicale des années cinquante à Cologne et Darmstadt, pour aboutir à un style original fondé sur la continuité sonore. « Il part de l’émiettement du discours instrumental traditionnel, le reconstruit à la loupe, articulant en nuages suspendus de subtiles micro-structures rythmiques. »
Comme il le dit lui même, sa musique donne l’impression d’un courant continu qui n’a ni début, ni fin. « Sa caractéristique formelle est le statisme mais derrière cette apparence, tout change constamment. »
Dans ses récentes orientations, Ligeti a assimilé les musiques d’Amérique du Sud et d’Afrique, les expériences des musiques répétitives contemporaines, pour les fondre dans ses formes musicales personnelles, incluant des couches sonores très complexes. Il a ainsi abouti à des phénomènes acoustiques très efficaces et très beaux.
L’illustration permanente des propos de Ligeti par l’image du séjour en train, permet au spectateur de comprendre et d’accéder encore plus facilement à cet univers musical. Car, plus qu’un prétexte, ce voyage est une véritable réflexion sur le temps et la musique de Ligeti. Celle-ci imprègne le film, aboutissant à un paysage sonore jalonné par les œuvres les plus significatives du compositeur. Certains extraits sont interprétés à l’écran : le Continuum pour clavecin, les pièces pour deux pianos et les irrésistibles Nonsense Madrigals composés récemment.
Presse