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Au nom de la sauvegarde de l’humanité, on parle beaucoup des espèces animales en voie de disparition, de la détérioration de la couche d’ozone mais on oublie trop souvent de dire que, chaque année aussi, une partie du patrimoine culturel mondial disparaît et meurt à jamais. Catastrophes naturelles, terrorisme, guerres, font peser des menaces grandissantes sur les biens artistiques. Un tremblement de terre et « Le Printemps de Botticelli » pourrait partir en fumée. Les œuvres d’art ne sont pas éternelles….
Mars 2001, les géants de Bamiyan sont pulvérisés. L’explosion des deux bouddhas, sculptés à même la roche entre le IIIe et IVe siècle de notre ère, classés patrimoine universel par l’Unesco, fait trembler le monde. L’œuvre d’art est unique, la perte irrémédiable.
Août 2002, les crues qui ont ravagé l’Europe centrale et endommagé les joyaux baroques de Dresde et de Prague bouleversent toute l’Europe. Et elles affolent aussi les musées parisiens…. L’hiver dernier, ils déménagent leurs réserves, en catastrophe, loin de la Seine, dans la crainte de la crue du siècle. S’il n’est pas protégé par les Etats, la disparition du patrimoine est inéluctable. Une évidence ! Pourtant la prise de conscience est tardive et la protection des biens culturels n’est toujours pas une priorité.
Des millions de personnes ont vu les images dramatiques de la coupole de la Basilique St-François d’Assise et ses fresques du XIIIe s’effondrant au milieu d’un nuage de poussière. Dans les années 90, catastrophes naturelles et actes de vandalisme ont porté à son comble la menace qui pèse sur le patrimoine et provoqué l’indignation de la communauté des arts : le bombardement de la vieille ville de Dubrovnik, la destruction du pont de Mostar, joyau de l’art ottoman, l’incendie de l’opéra La Fenice à Venise, le tremblement de terre d’Assise, en Italie, et récemment en Georgie, qui a fait disparaître le centre historique de Tbilissi…
A la notion de vulnérabilité s’ajoute une prise de conscience : les esprits changent et bien que tardivement, les Etats, la communauté internationale conviennent que le patrimoine artistique a valeur de patrimoine de l’humanité, qu’il constitue un témoignage à préserver. Depuis UNESCO, ONG et fondations privées mettent en place de nouvelles actions pour protéger des chefs d’œuvres en péril à travers le monde.
De Paris à Los Angeles en passant par Dresde, Florence, Madagascar, le film raconte l’histoire de ces chefs-d’œuvre en danger mais aussi le combat passionné des hommes qui luttent pour les sauver. Ces soldats de l’ombre sont conservateurs, bibliothécaires, archivistes, pompiers ou gardiens. Certains d’entre eux font partie du Comité International du Bouclier Bleu, équivalent de la Croix Rouge pour le domaine culturel. D’autres dirigent les plus grands musées du monde, Le Louvre, la Fondation Paul Getty… et veillent sur des trésors estimables. Tous combattent, à leur façon, contre le temps, contre les cataclysmes, contre les hommes. Et chaque année les éléments se déchaînent toujours contre la mémoire des hommes : inondations, séismes, incendies, tempêtes quand ce n’est pas la guerre ou le terrorisme….
Ce film posera, à travers des destins d’hommes et d’œuvres, la question de la place de l’art dans notre société, de sa valeur et de son avenir. Qui faut-il d’abord sauver, protéger, reconstruire ? La protection des œuvres d’art est-elle un devoir pour les nations riches ? Les plus défavorisés ont-ils besoin d’archéologues secouristes alors qu’ils n’ont ni eau, ni nourriture, ni soins ? L’art est-il la denrée la plus précieuse de l’homme ? Se prémunir face aux menaces grandissantes est-il une nécessité ? La gestion de la prévention des risques implique-t-elle la redéfinition du rôle de « conservateur » de musée ? Le musée du XXI siècle va-t-il radicalement se transformer?
Presse