Luigi Nono a été une des figures les plus marquantes et les plus controversées de la musique du XXème siècle. C’est une personnalité complexe, parfois contradictoire, qui fut longtemps prisonnière de son étiquette de « musicien engagé » que son travail des années 60 lui avait donné.
Le point de départ du film était une opportunité: la représentation de « Prometeo » au Festival d’Automne 1987. A partir de cet évènement, qui a fourni la matière musicale, Olivier Mille a construit le film sur un « va et vient » entre Paris – le décor un peu abstrait pour le travail musical proprement dit- et Venise, où l’on abordait avec Nono les aspects biographiques et les grandes lignes de sa pensée et de son oeuvre. Venise, sa ville natale, qui l’a beaucoup influencé par la qualité exceptionnelle de des bruits, de ses rumeurs, de ses couleurs.
« J’ai tenté de montrer Venise telle que Nono nous la présentait, » précise Olivier Mille, « aussi loin que possible de la carte postale. Venise, non pas comme le lieu idéal de l’harmonie, mais comme un monde de contrastes et de conflits, croisement de différentes langues, différentes cultures. J’ai porté une attention particulière à la bande sonore, puisque l’image à montrer de Venise était avant tout acoustique. Une ville dont le son autant que l’image sont incomparables, et qui a donné naissance à l’une des musiques les plus fortes de notre époque. »
Ce document est le seul témoignage filmé sur la personnalité de Luigi Nono, décédé en juin 1990.