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Renversant les idées reçues, ce film plonge dans les cent ans de vertiges continus qu’a connus la République turque depuis sa création sur les ruines de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale. Il convoque comme jamais les fantômes qui ont présidé à sa naissance, ceux du génocide des Arméniens en 1915, du nettoyage ethnique des Grecs en 1923, de la persécution des Kurdes et des Alévis dès 1928, de l’élimination systématique de toute différence depuis. Il dévoile, first, l’histoire secrète des quatre coups d’État militaires qui, entre 1960 and 2000, ont étranglé la démocratie en bénéficiant des aveuglements de Washington et de Bruxelles. Il montre surtout comment, today, ce pays oscillant entre l’Orient et l’Occident, jailli des décombres, habité par l’angoisse de survivre, perpétue sa fuite en avant qui en fait le plus explosif des laboratoires identitaires à trois heures d’avion de Paris.
C’est de manière incarnée que Turquie, nation impossible décrypte la construction d’un mythe qui, pour s’affirmer, aura accumulé les répressions et les charniers. En croisant les destins parallèles de ses deux fabricants-en-chef, Mustafa Kemal le fondateur et Recep Erdogan le refondateur, le général et le militant, le révolutionnaire et le réactionnaire, le laïc et le religieux que tout semble opposer, mais qui convergent. En révélant combien, entre la caserne et la mosquée, le sabre et le turban, ces deux frères en apparence ennemis sont au service d’un même rêve de puissance, communient dans la conquête des pleins-pouvoirs.
De la nationalisation de l’islam à l’islamisation de la société, de l’instrumentalisation des femmes à la manipulation de la modernité, de la guerre d’indépendance à l’engagement armé aux frontières, de l’Otan à Daech, et de l’abolition du califat à sa résurrection, voici exhumée, la face cachée de la Turquie.
Un film-vérité qui éclaire la crise géopolitique que nous vivons à l’échelle planétaire, nourri d’archives inédites et donnant la parole, aux dissidents turcs qui n’ont pas renoncé aux chemins de la liberté.
For many years, we preferred to ignore the novelty of a country forged by the sledgehammers of the Great War and international treaties. We have forgotten that it nearly never came to be. We wanted to believe that there were two Turkeys, a good one and a bad one. And so we refused to see the obvious. In the race to exist that it has known since its foundation, there is just one, single Turkey, one that will have tried every extreme.Why have we deluded ourselves in our appraisal of Atatürk and his legacy? Why were we so blind to Erdoğan’s arrival on the scene and to what he would do? Why is it a mistake to see them in opposition to each other? Why, on the contrary, do we need to read each of them as the mirror image of the other? Atatürk and Erdoğan have warring ideologies, but they are brothers via the contradictory birth of the country that binds them both.
Turkey doesn’t let itself be reduced to our equations. To truly understand it, we need to delve into its history, connect different periods, compare the remakes of various dramatic moments that make the country seem to be constantly returning to its own Year Zero. We have to step squarely into the center of the Turkish vortex, retrace the spiral, unravel the thread.
By portraying this antagonistic yet symmetrical construction, this documentary will reveal and explore both Turkey’s dizzying about-faces and Europe’s mistakes and misguided ways. But the main character remains the Turkish people themselves, the unfortunate hostages of a tragedy that is terrible for them and threatening for the rest of the world.