Le très juteuse aventure des fruits

Plus de 550 millions de litres de jus d’orange sont engloutis chaque jour sur la planète, dont la moitié en Europe. 80% de la production mondiale de jus d’orange part du Brésil, et parcourt donc… 12000 km pour rejoindre le vieux continent par bateau. Réduit en concentré congelé, le jus demeure à la température constante de – 18 °C et n’occupe que 10% du volume du jus frais correspondant. Arrivé dans le pays consommateur, le concentré est allongé avec de l’eau.
Ainsi, 1 litre de jus consommé nécessite ainsi 0,1 litre de pétrole pour le procédé de concentration, la congélation et le transport, puis… 22 litres d’eau, pour la concentration (le procédé utilise de la vapeur d’eau), puis la dilution du jus concentré avant commercialisation !

Aujourd’hui, le jus d’orange est non seulement un produit de la vie quotidienne, mais aussi un symbole de la mondialisation avec l’apparition de nouveaux consommateurs dans les pays émergents, notamment en Chine devenue un importateur structurel. Et c’est là un des problèmes majeurs de ce produit qui est un gouffre énergétique car les pays qui en boivent beaucoup en produisent rarement localement.

Localement, pourtant, chaque pays ou région exprime son jus : gingembre au Sénégal, banane, grenade au Moyen-Orient (Iran, Turquie…), mangue en Inde, noni (fruit tortue) au Mexique, pomme en Normandie, airelle (canneberge) dans les pays anglo-saxons, poire, abricot, cassis, légumes seuls ou mélangés, créations diverses et récentes type smoothies, etc.

Fraîchement exprimés, simplement bons, conservant toutes leurs vitamines, les jus sont appréciés pour leurs propriétés bienfaisantes qui les rapprochent des médicaments. Les Egyptiens de l’Antiquité, les disciples d’Hippocrate (Ve siècle avant JC), de Pline (Ier siècle après JC) vantaient déjà les propriétés médicinales du raisin (jeune contre le mal de gorge, mûr pour assainir le sang).

Mais globalisation allant souvent de pair avec « gloutonisation », les dentistes commencent à être inquiets des ravages dus à l’acidité des jus qui entraîne une fonte de l’émail dentaire, et l’apparition d’un faciès… « à la Popeye », et prônent l’usage de la paille !