Le goût des eaux
Vide, cet objet transparent non identifié ne pèse que quelques grammes, mais plein, il pèse des milliards d’euros. La bouteille d’eau a envahi la planète. Qui aurait pu imaginer, il y a 30 ans, qu’elle allait devenir indispensable à notre vie quotidienne ?
Thermale, minérale, naturelle, de source, pétillante, embouteillée, étiquetée, exportée, l’eau vaut de l’or. Aux Etats-Unis comme en Iran, elle coûte plus cher que le pétrole. Pourtant, aux quatre coins de la planète bleue, l’eau minérale gagne du terrain. 50% de croissance mondiale depuis 1999. On en boit 200 milliards de litres chaque année. L’enjeu est de taille pour les 4 multinationales en lice.
Comment naît-elle ? Comment est-elle prélevée, embouteillée ? Simples produits marketing, ou eaux minérales à l’histoire ancrée dans un terroir, au goût affirmé et jalousement préservé ?
Des les nappes phréatiques jusqu’aux nuages, voyage autour du monde à la rencontre d’un liquide qui est très loin d’être transparent, incolore, inodore et sans saveur !
Type (Documentaire / Documentaire fiction / Série documentaire)Série DocumentaireGenreDécouverte CollectionGlobal DrinksRéalisateurEmma Tassy, Gérard LafontAvec le soutien du ANGOA, CNC, MEDIA, ProcirepDistributionArte France Distribution Année2010Durée52min
Il y a l’eau au singulier : l’eau du robinet, l’eau potable, l’eau de table.
Et il y a les eaux singulières : thermales, minérales, naturelles, de source, aromatisées. H2O réinventée, différenciée, embouteillée, étiquetée, exportée.
Aux quatre coins de la planète bleue, l’eau minérale gagne du terrain. 50% de croissance mondiale depuis 1999. On en boit 190 milliards de litres chaque année. En 2011, la jauge passera à 251 milliards.
Mise en bouteille, l’eau vaut de l’or. Aux Etats-Unis comme en Iran, elle coûte plus cher que le pétrole. Les Américains en ont acheté pour plus de 100 milliards de dollars l’an dernier. En Inde, sa consommation à doublé en un décennie et son prix a décuplé. En Italie, premier consommateur mondial, 280 marques se disputent un marché en croissance constante. En Afrique du Sud, où le marché croît de 30% par an, on en fait venir 3 millions de litres sur des dizaines de milliers de kilomètres. En Chine, on bâtit de gigantesques usines d’embouteillage pour satisfaire une demande intérieure que les importations peinent à étancher. En Russie également, les jours du robinet sont comptés : Nestlé Waters vient d’annoncer une campagne pour « éduquer » les consommateurs russes…
La déferlante de l’eau minérale n’épargne aucune région du globe.
Invraisemblable triomphe que celui de ce pur produit du marketing, dont la seule réelle valeur ajoutée est l’emballage. Antoine Riboud pouvait bien s’extasier : « Vous consommez de la magie ! C’est l’une des plus belles réussites du marketing que de pouvoir vendre de l’Evian 3 francs, alors que l’eau du robinet ne coûte rien et que l’eau de source vaut 1,50 franc… »
Mais voilà que l’eau minérale est montée à la tête des écologistes ; et que s’organise une prohibition d’un genre inédit. En Angleterre, la croisade « Water On Tap » lancée par l’Evening Standard, relayée par un reportage virulent de la BBC, a submergé politiques, industriels et restaurateurs ; pour le ministre de l’environnement, la consommation d’eau en bouteille est « moralement inacceptable » ; des associations organisent des « blind tests » pour prouver l’équivalence avec l’eau du robinet ; les mairies dénoncent le coût du traitement des bouteilles en plastique ; des badges sont conçus pour les restaurants favorisant l’eau du robinet… A New York, San Francisco, Sidney, Ottawa, le mouvement du « Retour au Robinet » prend de l’ampleur, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique.
On se tourne aussi vers les eaux de source, moins chères, plus proches. On s’inquiète d’apports en minéraux excédant les besoins corporels. Et on découvre des résidus pétrochimiques cancérigènes émanant des bouteilles en plastique. La machine à rêves des grandes sources prendrait-elle l’eau de tous bords ?
La presse en parle
Pour nous mettre l’eau à la bouche et donner notre satisfecit à Olivier Mille et Elena Filippini qui ont produit cette série.
Télé Obs