Constantin Brancusi
S’il y a un sculpteur qui a fait passer la sculpture du siècle de Rodin à celui de Kandinsky, c’est bien Constantin Brancusi. Entre archaïsme et avant-garde, entre figuration et abstraction, entre représentation anatomique et sophistication formelle, son œuvre est une véritable charnière à plus d’un titre. Sa recherche constante de la pureté des formes l’entraîne souvent vers la sculpture primitive des Cyclades pré-hellénistiques ou de l’art africain, mais le projette surtout vers l’épure absolue, propulsant la sculpture dans la sphère de l’abstraction.
Type (Documentaire / Documentaire fiction / Série documentaire)Documentaire GenreArts & culture CollectionSculptureMusique originaleSiegfried CantoEn coproduction avec Centre Pompidou, Le Fresnoy - Studio national des Arts contemporainsAvec la participation du CNC, Procirep, Angoa-AgicoaDiffuseurARTE France DistributionArtline Films Festival(s)2013 • FIFA - Festival International du Film sur l'Art • Montréal (Canada) Récompenses Prix du meilleur EssaiAnnée2013Durée26min
Ce que l’on sait moins, c’est que l’atelier de Brancusi fonctionnait comme un studio de prise de vues ou un plateau de tournage. Très tôt, le sculpteur comprend que les images de la photographie et du cinématographe procurent un point de vue essentiel sur la sculpture : possibilité de la regarder en la contournant, d’enregistrer l’impact de la lumière, ou la projection des ombres, de littéralement la mettre en scène. Brancusi va ainsi cultiver une relation très fructueuse entre son œuvre de sculpteur d’une part, et son travail de photographe d’autre part, utilisant également le film grâce à l’initiation de son ami Man Ray.
L’artiste Alain Fleischer donne à voir ces œuvres magistrales, parfois éclairées par les images projetées des films tournés par Brancusi lui-même, habitant l’espace de l’atelier, devenant les reflets de ce que fut la vision de l’artiste. Comme si les sculptures recevaient la visite des êtres éphémères qui les ont inspirées. Dans cette constellation, les objets apparaissent plus ou moins bruts comme Le Baiser, ou déjà très polis par leur gravitation comme La Muse endormie ou les Oiseaux, formes ovoïdes et pleines qui évoquent les objets polis par leur course dans le cosmos comme les météorites.
C’est donc à une visite inédite et intimiste qu’Alain Fleischer nous convie, dont la caméra non seulement enveloppe les volumes de la sculpture en restituant leur épaisseur, mais donne à percevoir leurs relations dans l’espace où elles gravitent comme un système de planètes. Colonne sans fin, Oiseau dans l’espace, Princesse X… Soudain des œuvres de pierre et de bronze semblent évoluer dans une apesanteur et, par les mouvements du regard ou par ceux de la lumière qui les éclaire, s’animer et devenir mobiles elles-mêmes.
Une plongée surprenante dans une des œuvres les plus magistrales et novatrices du XXe siècle.