Exil Nazi : la promesse de l’Orient

Jusqu'où les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale ont-ils rendu justice ? Alors que s'ouvrent les archives des services secrets allemands (BND), les historiens découvrent comment a été assurée l'impunité de nombreux criminels de guerre, avec la complicité de l'Etat Ouest-allemand et de ses alliés. La Guerre froide a suspendu la justice contre les nazis en exils. Elle leur a même offert une nouvelle vie, avec la complicité active de ceux qui auraient dû les pourchasser.

Type (Documentaire / Documentaire fiction / Série documentaire)Documentaire GenreHistoireRéalisateurGéraldine SchwarzAvec le soutien du CNC, Procirep-Angoa DistributionZEDFestival(s)Sélection au Festival International du Film d’Histoire de PessacAnnée2014Durée52min

La réalisatrice a pu reconstituer leur exil depuis Rome, plaque tournante des nazis en cavale. Parmi eux, Walther Rauff, l’un des logisticiens de la Shoah qui a coordonné le déploiement de camions à gaz dans l’Est de l’Europe pour exterminer les Juifs. Rauff organisera, avec l’aide de l’évêque Alois Hudal et sous le nez du Vatican et de la Croix-Rouge internationale, l’exil vers la Syrie d’une cinquantaine d’anciens nazis. Dont Franz Stangl et Gustav Wagner, chefs des camps d’extermination de Sobibor et de Treblinka.

Au Caire, grâce à des témoignages inédits, le film suit la trace de plusieurs d’entre eux : comme Artur Schmitt, général-major de l’Afrikakorps recruté par la Ligue arabe. Ou Gerhard Mertins, ancien Waffen-SS, trafiquant d’armes et spécialiste des combats de guérilla, qui sera plus tard impliqué dans la secte néonazie « Colonia Dignidad » au Chili.

En Egypte, le film retrace également le parcours de Johann von Leers, un ancien expert de la propagande nazie recruté parmi d’autres sous Nasser. Antisémite fanatique, Von Leers avait travaillé sous le Reich avec le Grand Mufti de Jérusalem à un rapprochement idéologique du national-socialisme et de la religion musulmane.

Ces activités d’anciens nazis au Moyen-Orient suscitèrent en secret des tensions diplomatiques entre la Grande-Bretagne et la République Fédérale d’Allemagne (RFA). L’ancienne puissance coloniale craignait pour son influence en Egypte, tandis que comme le révèle le film, dans le dos de Bonn le BND recrutait certains de ces hommes pour mieux s’implanter dans la région. Tels Gerhard Mertins et Johann von Leers et plus tard, Walther Rauff.

Mais les services secrets allemands ne sont pas les seuls à s’être ainsi compromis. En revenant sur leur parcours au Moyen-Orient, le documentaire apporte de nouvelles preuves de l’impunité dont ont bénéficié de nombreux nazis. Longtemps encore après la guerre, en Europe et ailleurs, les institutions politiques, religieuses et judiciaires censées les poursuivre ont brillé par leur inertie. Beaucoup d’anciens responsables nazis ont été protégés voire même recrutés par des Etats, des entreprises et des services de renseignement de tous bords.

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