Antoine Bourdelle

Artiste de la modernité, Bourdelle engageait ses élèves à abandonner le détail au profit d’un ensemble dynamique, comme pour le célèbre Héraklès archer qui le fit triompher en 1910, et que les écoliers ont longtemps admiré sur la couverture de leurs cahiers.
A l’opposé de l’académisme, cet élève de Rodin avait acquis la technique du fragment de son maître qui prônait l’inachevé. Mais il ira plus loin, osant des déformations, défigurant jusqu’à l’informe, donnant à son œuvre des accents abstraits.

Rodin lui-même confesse avoir été dépassé par son disciple : « Bourdelle a régénéré la sculpture actuelle autant qu’il pouvait le faire au jour où nous vivons. »

Filmées comme si l’on se penchait au-dessus de l’épaule de l’artiste, les œuvres s’exposent dans toute leur diversité : Pénélope, Apollon, nymphes, centaures, façade du Théâtre des Champs Elysées, guerriers monumentaux, 80 versions du buste de Beethoven… icônes connues et renommées en bois, plâtre, marbre, bronze. Pour voir la sculpture autrement, pour la rendre accessible, la caméra est au plus près de l’œuvre, le spectateur est confronté à son volume, sa vibration, sa matérialité et ses lois physiques, comme si le film prenait un soin particulier à souligner et dévoiler la troisième dimension de cet art.

« J’enferme le sentiment dans un muscle.
Bourdelle, lui, le fait jaillir dans un style », Rodin.